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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/150

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— Le 13. Chez Gheusi. C’est le 13 qu’on a fusillé la belle Mata-Hari. Le général Vidalon, qui vient voir Gheusi à l’entr’acte, annonce la nouvelle. L’Allemagne offrit, pour sauver la vie de cette femme, la libération de 10 ou 20 officiers français prisonniers. Son avocat, un vieillard, Clunet, touché par sa beauté, plaide sa cause pathétiquement, invoque la mémoire de son propre fils, mort de la guerre. Des fonctionnaires, qui auraient été ses amants, auraient aussi sollicité en sa faveur. Quelqu’un dit qu’un général commandant de corps d’armée lui aurait donné la syphilis, il y a sept mois, au Grand Hôtel, et qu’on l’aurait soignée d’accidents graves, ce qui aurait retardé son exécution !

Je me renseigne : l’est bien à Poincaré qu’aboutissaient toutes les suppliques. C’est lui qui décidait en dernier appel. La commission des Grâces n’est qu’un organe d’enregistrement et d’information.

— Séance du 12 à la Chambre. Leygues interpelle sur les affaires extérieures. On remarque surtout la rentrée de Briand. Dans son discours il proclame « que nous avons la victoire ». Cela me frappe.

— Le 15. De trois côtés m’arrive le même récit, sous des aspects différents. Après la séance du 12, dans les couloirs de la Chambre. Briand lit, devant 60 ou 80 députés, des déclarations dans ce sens : Ribot, dans son discours, avait fait allusion à des manœuvres, au piège grossier que nous tendait l’Allemagne en nous promettant l’Alsace-Lorraine. Or, ces offres, dit Briand, étaient sérieuses. C’était lui-même qui les avait accueillies. Le Kaiser voulait la paix. Il avait peur de la Révolution, peur d’une paix lointaine, qui pouvait être plus sévère. Il était prêt à évacuer les pays envahis, à discuter de l’Alsace-Lorraine, à donner un semblant de réparation. Que penser de Ribot qui avait fait fi de ces propo-