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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/155

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dans la bourgeoisie parisienne, et je vois de ses relations s’attendrir et s’indigner. Il semble que ce soit sur la dénonciation d’un ancien chauffeur que ces arrestations furent décidées. Les maîtresses sont mises en cause. Que de drames intimes…

— On dit aussi qu’on va arrêter Charles Humbert. Mais il faudrait lever son immunité parlementaire. D’ailleurs, il se défend, menace Le Matin, les confrères, les Ministres, dans ses conversations.

— Le 26. Début de Barthou à la Chambre, le 25. Augagneur, Jobert, ont vainement essayé d’arracher à Painlevé le secret de la substitution de Barthou à Ribot. Le duel fut entre A. Thomas, champion du droit strict, et Barthou, partisan subtil de la politique des « possibilités », d’une paix élastique s’adaptant à la grandeur de la victoire. J’écris à mon fils : « Moralité : c’est Briand qui tirera les marrons… et les soldats du feu. »

Cependant la lecture de l’Officiel montre tous les partis d’accord pour exiger « la victoire par les armes », et le retour pur et simple à la France des trois départements alsaciens-lorrains. Au centre, à droite, tout cela est ponctué de furieuses exclamations : « La parole est au canon !… Rien qu’au canon… Le canon ! »

Un député m’explique qu’un parlement et un gouvernement ne peuvent pas tenir un autre langage. Ils ne peuvent pas dévoiler leurs prétentions minima. Mais ce bluff mutuel coûte 1500 jeunes existences françaises par jour.

— Un ami me reproche au téléphone d’être dans l’absolu, de vouloir la paix immédiate — immédiate après quarante mois ! — de ne point me rendre compte qu’il faut au moins cinq mois pour y préparer l’opinion. Réponse : les grandes masses pensent comme moi, car leur lassitude est générale.