Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/166

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tions que tel jour, entre 11 heures et 11 h. 7, on a téléphoné de ces bureaux au G. Q. G. pour demander si 30 régiments étaient bien envoyés en Italie. Réprimande. Moralité : les conversations sont officiellement écoutées.

— On déplace fréquemment les troupes du front par crainte de fraternisation avec l’ennemi. Quel jour jeté sur la guerre !

— Une dame, à qui l’on contait que jadis, Joffre avait été trouvé, dans la forêt de Fontainebleau, le front brisé, interrompit : « Déjà ? »

— Des lettres de soldats découragés par les scandales : « À quoi bon ces souffrances et ces risques, si nous sommes trahis ? » Voilà le plus clair effet de ces poursuites. Si elles se justifient — et je ne suis pas encore convaincu qu’un seul Français ait trahi, — il fallait les étouffer tant que durait la guerre.

— Le 18. On me signale la joyeuse prise de possession de l’hôtel du ministre de la Guerre, par Clemenceau et sa cour, sous l’œil des photographes, une gaîté de troupiers en pays conquis, parmi la fusillade inoffensive des objectifs et la mitrailleuse des films.

— Le 19. On arrête deux institutrices accusées de propagande pacifiste. Ce sont les premières militantes contre lesquelles on sévit. L’instruction durait depuis deux mois. L’arrestation, c’est le don de joyeux avènement à sa Majesté Clemenceau.

Comme son journal, L’Homme Enchaîné, a repris son titre primitif de L’Homme Libre, je dis à Marcelle Capy, qui envisage d’être inquiétée, que nous aurons bientôt « l’Homme Libre » et la « Femme Enchaînée ».

— En Angleterre, la campagne contre Caillaux est menée par lord Northcliffe. C’est l’antagonisme de l’homme de guerre et de l’homme de paix.