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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/183

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comme un tout petit enfant fier de prononcer ses premières syllabes. Vaincre, vaincre. Que signifie ce mot, quand on ne définit pas le but ? Voilà l’irritant. Les gens de cette sorte ne veulent pas dire leurs buts parce qu’ils espèrent toujours les agrandir à la faveur de la chance. Et la chance, dans leur mentalité attardée, c’est la victoire par les armes, le massacre toujours accru, mais triomphant.

— Les lettres de Bouttieaux. Il est désemparé : « Puisse 1918 amener la fin et l’heureuse issue de l’orage où nous nous débattons… L’heure est dure. On annonce bruyamment une grande offensive boche… Il paraît que l’industrialisation des travaux du front va tout transformer, grâce à la main-d’œuvre des Russes, des vieillards, des auxiliaires et autres gallipoteux… Il faut, à l’Occident, rester sur une prudente défensive en attendant les Américains. Mais quand ils seront légion, qu’en fera-t-on, et quelle méthode de stratégie novatrice révolutionnera l’art militaire ? Mystère, auquel j’avoue ne rien comprendre. Au total, je vois de moins en moins comment cela finira. Mais je le dis avec vous, ce sera la question économique qui réglera tout, bien plus qu’une grande action militaire, impossible avec les armées modernes. »

— Le 8. Un courant se dessine. On prévoit, dans les milieux officiels, la fin des hostilités pour l’été prochain. L’un dit : il n’y a plus qu’à régler la question des colonies allemandes. L’autre : la question d’Alsace-Lorraine. Ce sont là de gros morceaux…

— Le fils d’un administrateur de Grands Magasins revient de Russie et proclame hautement son admiration pour les Maximalistes, leur idéal, leur énergie. Eux seuls étaient capables de gouverner. Cela est loin de nos journaux, de leur effarante