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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/19

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du matin, je travaille avec Painlevé, dans son bureau de l’Instruction Publique, à un rapport pour les Inventions. Il entremêle le labeur de souvenirs récents…

— Le vieux Méline, de l’Agriculture, fait remplacer le mot « Courses », dans les journaux, par les mots « Épreuves hippiques de sélection ». Nous sommes sauvés !

— On me cite ce général, si spécialement réactionnaire, qu’il refusait de faire des propositions de croix, médailles, galons, pour ses troupes, ne voulant rien demander à la Gueuse. Tête des intéressés !

— Invité par Poincaré à la décoration de Verdun, Humbert écrit au Secrétaire de la présidence : « Verdun n’a pas besoin de décoration, Verdun a besoin de canons. Le lendemain de la victoire, je serai volontiers aux côtés du Président pour glorifier la ville. »

— On sait les légendes nées autour de la mort de Galliéni, que Herr, Sarrail, Viviani, ont tué successivement, dans ces divers contes. Il y a maintenant la légende du traître. Joffre réunit tous les officiers du G. Q. G. Il leur dit qu’il y a un traître parmi eux. En effet, les Allemands sont avertis de tout. On a même donné, tout exprès, des faux ordres qu’ils ont connus. Il faut que ce traître se fasse justice dans les 24 heures. Le lendemain, même réunion. Aucun officier ne manque à l’appel ! Joffre prend le revolver d’un lieutenant de gendarmerie, parcourt les rangs et tue le traître !

— Quand j’entends dire du communiqué : « C’est bon, n’est-ce pas ? » une révolte me secoue. Je pense aux milliers de morts — dont chacun vaut autant que nous-mêmes — qui sont tombés pour qu’on puisse dire : « C’est bon. » Et je sens que personne n’y songe, que cela n’existe pas.