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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/194

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FÉVRIER 1918


1er fév. Sur le raid du 30 janvier. Devant la maison découronnée de l’avenue de la Grande-Armée, no 16, les arbres encore nus ont recueilli des étoffes : rideaux, tentures, un bas rose. À cent mètres à la ronde, vitres brisées. Les concierges ramassent en tas les morceaux de verre. On bouche les baies avec des journaux. Enfin, ils servent à quelque chose !

La presse réclame des représailles. Or le communiqué allemand du 31 janvier représentait déjà le bombardement de Paris comme des représailles de la nuit de Noël. C’est l’enchaînement sans fin. C’est bien ce que souhaitent les prolongeurs de tous pays.

La bourgeoisie feint de mépriser le péril. Les pompiers, dit-elle, l’importunent. C’est par amour de la Patrie qu’elle affecte ces airs-là ? Allons donc ! Orgueil et vantardise.

— Clemenceau apprend les départs accrus aux gares depuis le raid du 31 janvier : « Tant mieux. Paris sera plus commode à ravitailler. »

— Le 2. Le Journal de Genève du 1er février dit que les ouvriers allemands en grève ont créé des Comités à l’image des Soviets russes. On nous le cache. Cela diffère trop de la notion convenue d’une Allemagne disciplinée, caporalisée. Et puis, une obscure résistance à l’idée de la fin par la révolution allemande domine chez tous ceux qui veulent une