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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/195

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guerre de sang, d’anéantissement et de durée… Ce sont les mêmes qui repoussent le concept de la Société des Nations. Ils sont fidèles, en bloc, à toutes les doctrines du passé.

— Le 2. Les journaux tirent toujours du récent raid les conséquences qu’ils en espèrent : « C’en est fini des défaitistes… Sursaut d’énergie… Tous groupés autour de nos chefs militaires » (Barrès).

Le déconcertant Hervé écrit que nous étions envieux de Londres, que nous étions humiliés de n’être pas bombardés aussi souvent, et qu’enfin, nous voilà contents !

— On s’émeut d’une interview de Clemenceau par un Hollandais. Il goguenarde : « Vous y croyez, vous, à la Société des Nations ? » N’est-ce pas effrayant, d’être menés par de tels maîtres, d’une mentalité si rétrograde, si étrangère aux idées modernes, au caractère inédit de cette guerre, à ses nécessités nouvelles, bref par des hommes si opposés aux vues de Wilson ?

— Le 5. On craint d’avoir à réduire la ration de pain parisienne à 200 grammes au 1er mars. On avait au contraire promis de l’accroître à cette époque. Y aura-t-il déception ? Non. La France est sous la morphine, a dit Painlevé. Qui dort dîne.

— Un Anglais dit : « Nous ne pouvons pas conclure d’armistice maintenant. Car nos hommes et les vôtres ne consentiraient plus à reprendre le combat, si les pourparlers rompaient. Il faut donc attendre les Américains. »

— Les circulaires de Clemenceau sur le salut militaire exercent une influence sensible sur la foule en képi. Les gens habillés en officiers s’envoient de grands saluts cérémonieux. Les moins entraînés accompagnent leur geste d’une sorte de révérence, thorax bombé, ventre creusé. Ils saluent du derrière.