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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/220

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si bien senti l’ignorance des « gens du monde ». On étudie sur le plan de Paris les régions exposées. Les femmes se promettent de ne s’y point risquer. Puis, sur l’appel impérieux d’un essayage, elles oublient les fermes propos.

— Le 4. On me raconte les essais du super-canon. Quatorze jours avant le premier bombardement, les Allemands essayèrent le canon en direction de Paris. Ils tirèrent à 72, à 80, 85 km., etc. Le plus souvent, les projectiles tombaient dans des champs. On les signalait comme bombes d’avions. Mais les appareils qui les eussent lancés restaient invisibles. La « défense contre avions » rédigea même des rapports suggérant que ces appareils étaient camouflés à la couleur du ciel… Et la fameuse escadrille des cigognes donna vainement la chasse à ces avions-fantômes. Cependant les Allemands allongeaient leur tir vers Paris. C’est ainsi qu’explosa la Courneuve. Allongeant encore son tir, le canon atteignit le sud de Paris, Châtillon. On avait ainsi les éléments du réglage.

— Une nouvelle vague de jactance submerge tout. Le super-canon bombarde-t-il ? On imprime qu’il tua huit poules, que le coq est veuf, et cela en un fringant articulet. Que d’héroïsme ! Ou bien on écrit kanon, avec un K. C’est vengeur ! Ou encore, on déclare que la mortalité s’accroît à Paris par suite des pneumonies contractées dans les caves et que cette prudence est inopportune. (En fait, l’accroissement de mortalité est dû aux 150 morts violentes par bombardement, dans la dernière semaine écoulée.) Partout, la même fanfaronnade imbécile. Parce que Paris est bombardé à 120 km., on ne le considère pas comme une ville bombardée ! Nulle des précautions imposées d’ordinaire aux populations bombardées, comme à Dunkerque, par exemple : indiquer