Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/296

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restent pour beaucoup l’événement principal. « Triomphale poursuite », impriment les feuilles.

— Le 8. On annonce la mutinerie navale allemande, la flotte de guerre aux mains des marins, la fuite en auto du frère du Kaiser, Henri de Prusse.

— Le 9. On publie l’entrevue des Allemands et de Foch, leur arrivée à 10 heures soir le 7, la lecture des conditions de l’armistice le 8, de 10 heures à 11 heures du matin, le refus de l’armistice immédiat demandé pour la seconde fois au nom de l’humanité, les 72 heures accordées pour la réponse, l’envoi d’un courrier à Spa. Tout cela raide, sec, dans le goût militaire. Il y a là je ne sais quelle volupté de rigueur.

— Le 9, au soir, le samedi, à Paris, on crut l’armistice signé. Il y eut un mouvement de joie dont toutes les lettres portent la trace. « On a pris son désir pour la réalité », dit-on une fois l’erreur reconnue. Car on commence à oser aspirer à la paix.

Les journaux publient la proclamation de la République en Bavière, l’ultimatum des socialistes enjoignant au Kaiser d’abdiquer vendredi avant midi.

L’angoisse de conditions inacceptables étreint tous ceux qui souhaitent la paix.

— En résumé, la misère extrême d’un pays bloqué (surtout depuis que Wilson rationna les pays neutres) explique la révolution d’un peuple qu’on nous représentait comme caporalisé. La France a été soutenue par un bien-être relatif.

— Les soldats auront le droit d’emporter leur casque. Et on dit qu’on n’a pas tout fait pour eux !

— Le 10. Les journaux annoncent l’abdication du Kaiser, la renonciation du Kronprinz au trône, La Régence et la nomination du socialiste Ebert comme chancelier. La loi de compensation joue surtout pour le Kronprinz. Sa part fut grande dans