Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/39

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commerce et de rendre la France aimable aux étrangers. » Et : « Jeûnons, privons-nous, afin que tout aille à la défense nationale. » En fait, personne ne change beaucoup sa vie.

— Sur les boulevards, vers six heures, le dimanche soir, la foule est si dense qu’il faut aller au petit pas ou marcher sur la chaussée. Les restaurants débordent. Jamais on n’a tant bâfré. Le bien-être vient d’en bas, des hauts salaires.

— Le 19. On me fait lire l’Écho de Paris et je tombe sur un article de tête qui réclame la rive gauche du Rhin. Ainsi, les mêmes gens qui réclament une victoire écrasante pour éviter la « guerre dans trois ans », réclament aussi ces annexions qui sont le germe des revanches !

— Pour la révision de la classe 1918, il y 450 voix contre 75 à la Chambre. Mais cette Chambre apparaît encore comme un monstre ombrageux. Prononce-t-on le mot lassitude ? Tumulte. L’orateur est obligé d’affirmer vite que la volonté de vaincre est aussi vive qu’au premier jour. Et quand il dit : « Écoutez ces voix qui montent des profondeurs des tranchées et des profondeurs de l’arrière », la Chambre se méprend, s’émeut d’avance, proteste. Elle a peur que ce soient des voix qui demandent grâce. Et elle ne se remet de l’alerte que lorsque l’orateur reprend : « Ces voix disent qu’elles veulent être commandées et gouvernées ! »

On décide à cette séance un nouveau Comité secret.

— Le 22. La mort de François-Joseph laisse l’opinion indifférente.

— Le 24. Nouvelles restrictions. On parle de deux jours sans viande, suppression des gâteaux frais, carte d’essence, révision des réformes, taxes sur les timbres, le tabac, notes de restaurant, places de théâtre. Une loi d’accélération joue.