Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/63

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temps où on prétend défendre des droits, des idéals, en crevant les ventres !

— Le 23. Publication du Message de Wilson au Sénat américain. J’admire ce monument pacifique. J’y relève notamment cette phrase où il espère parler « pour cette masse jusqu’ici silencieuse de l’humanité, qui n’a pas encore eu l’occasion ni le moyen d’exprimer les vrais sentiments de son cœur devant la mort et les ruines qui accablent les personnes et les foyers les plus chers ». Pour la première fois on parle au nom de cette énorme majorité muette, au nom de 99 personnes sur 100 !

Et comme il voit clair, quand il assure que la paix durable est la paix sans vainqueurs ni vaincus, celle qui laissera le moins de germes de haine dans les cœurs, celle qui est le plus conforme à cette guerre nouvelle, où l’armée fit faillite.

Mais, dès le matin de la publication, la presse se rebiffe : Chimère ! illusions ! Mégalomanie !

Quant aux gens, ils sont déconcertés. Les uns disent : « C’est admirable ! » Les autres : « il est plus boche que les boches. » On manque de mot d’ordre.

— On a annoncé le 22 dans les journaux la réduction prochaine à deux plats des menus de restaurant et les deux jours sans pâtisserie.

— Le 24. La crise du charbon, qu’on m’avait prédite pour le 20, éclate. Émotion à la Chambre. Le personnel d’une usine de guerre, fermée, vient manifester aux Travaux publics, puis jusqu’à l’Opéra. Des centaines de femmes font la queue devant les centres de vente. On les renvoie, après des heures d’attente, par un froid cruel.

— Aspect nouveau de Paris : beaucoup de boutiques aux vitres givrées, car on ne les chauffe plus.

— Briand répète à tous ses amis — à Étienne en