Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/83

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promit la suppression de la Censure politique. « Et si nous parlons des buts de guerre ? » demande un socialiste. « Nous ne le tolérerons pas ! » s’écrie vertement Ribot. Une démocratie qui ne peut pas discuter du but qu’elle poursuit !

— Le 24. Boulevard Raspail. Deux « queues », face à face, sur les deux trottoirs. Même apparence grise et modeste. L’une attend la vente des pommes de terre. L’autre l’émission d’une souscription du Crédit Foncier.

— Je rougis quand je vois ceci : deux gardes républicains, grands, solides, confortables, remplis comme des mortadelles, arrêtant pour lui demander ses papiers un petit soldat émietté par trois ans de guerre…

— Sur les sources empoisonnées par les Allemands : le député Deguise, Ernest-Charles, qui approche quotidiennement Justin Godart au Service de santé, tous nient le fait. Et le Gouvernement en a fait état dans une note aux Neutres.

— Le 27. Les visiteurs des régions réoccupées sont tous frappés de l’affaiblissement des habitants. « Ils n’ont pas mangé de viande depuis un an », m’écrit Bouttieaux. On paraît oublier que le blocus, se proposant d’affamer l’Allemagne, affame tout ce qui est aux mains des Allemands : régions envahies, prisonniers…

— La classe 1918 est incorporée au 6 avril. Au Sénat, discours enflammé : « Ces jeunes gens font ce sacrifice nouveau avec une joie patriotique… Ils sentent la grandeur de la mission à laquelle ils vont participer… ils apporteront, avec l’éclat de leur jeunesse ardente et valeureuse, un joyeux rayon d’espérance en la victoire certaine… » Que de larmes et que de drames, sous ces mots !…

— Les destructions par les Allemands dans leur