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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/84

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repli continuent de frapper l’opinion. Parmi les témoins, deux courants. Aux uns, elles arrachent un cri de vengeance. Un cavalier écrit : « Ils ont tout pillé, presque tout brûlé. » Les autres y voient une opération stratégique destinée à ralentir la poursuite des Alliés et rappellent que les Roumains, afin de ne rien livrer à l’invasion, détruisirent leurs propres récoltes et leurs puits de pétrole.

— L’instinct de prolonger indéfiniment la guerre est très vif dans nombre d’esprits. Fait-on l’hypothèse que le repli allemand est d’ordre diplomatique et que l’Allemagne, une fois la France libérée, va proposer : « Nous ne sommes plus chez vous : traitons ? » Alors ce vivant instinct suggère : « Ah ! Non. Il faudra les chasser de Belgique. »

— Le 29. Je vois Gheusi, dans son bureau de l’Opéra-Comique. Depuis son passage dans l’État-Major de Galliéni, il est resté l’adversaire de Joffre. D’après lui, Joffre était surtout l’homme de la Dépêche de Toulouse.

— On conte un peu partout que parmi les femmes emmenées par les Allemands dans leur repli, il en était de consentantes, parce qu’elles avaient eu des relations avec des Allemands et qu’elles appréhendaient de se retrouver devant leur famille.

— Une explosion à la mairie de Bapaume tue deux députés. Silence absolu de la presse sur l’origine de la catastrophe. Le bruit court qu’il s’agit d’une machine explosive laissée par les Allemands. Il est singulier qu’on n’en fasse pas état, comme des autres destructions, et qu’on n’en abreuve pas l’indignation générale.

— Au Sénat, séance du 30, d’Estournelles de Constant essayait d’attirer l’attention sur l’effroyable envahissement de l’armée par la syphilis, en particulier des jeunes classes. L’Officiel porte : bruits de