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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/99

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il aurait répliqué : « bah ! J’ai dit que je prendrais ce soir l’apéritif à Laon. Allons-y. »

— Le 4. Une Revue à Femina. Des dos nus, des seins nus, des jambes nues à l’infini. Une chanson déclare que, la paix et l’abondance revenues, nous regretterons le temps des crises. La salle pète d’enthousiasme à cette ineptie. On se sent héroïque, le cul au fauteuil. Pourtant il y a des mères qui ont leur petit au front. J’en vois. Alors ?

— Voici la vue la plus dépouillée que j’aie sur la prolongation de la guerre. (Naturellement, article premier, les pertes ne comptent pas, ni au point de vue sentimental, ni au point de vue national.) Nos dirigeants ont adopté la formule : réparations et garanties (Lisez annexions et indemnités). Or, si on fait la paix actuellement, on n’a ni les unes ni les autres, puisqu’il y a équilibre. Donc, impossibilité de faire la paix.

— Reconnaissons que les buts de guerre des Français se sont singulièrement modifiés avec le temps. Ce furent successivement :

1o Se défendre contre l’agresseur.

2o Reprendre l’Alsace Lorraine.

3o Exiger des réparations et garanties.

4o Abolition de l’impérialisme, avènement des Démocraties. Société des Nations.

— Dans le train, un soldat blessé nous parle. Il est renvoyé dans ses foyers comme auxiliaire classe 1898. Blessé dans la Somme, il habite Conches, à 18 kilomètres du cantonnement de son régiment. Et on l’envoie régulariser sa situation (il est en civil, il ne s’agit même pas de déposer ses effets militaires) à Nice où est son dépôt. Soit 3.000 kilomètres de chemin de fer ! Cet exemple est symptomatique, parce qu’il faut multiplier par centaines de mille