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Page:Erckmann–Chatrian — Histoire d’un paysan.djvu/161

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Histoire d’un paysan.

« Sergent Ravette, le régiment d’Auvergne vous reconnaît pour son colonel ! » (Page 166.)
« Sergent Ravette, le régiment d’Auvergne vous reconnaît pour son colonel ! » (Page 166.)

ser tranquillement au milieu des gros flocons de neige qui tombaient. Ils se serrèrent la main. — M. Christophe, avant de continuer sa route dans la grande rue blanche, avec la vieille Stephen sous son parapluie, me cria de loin :

« Tu viendras, Michel, je compte sur toi ! »

« Ensuite il partit, et maître Jean rentra tout joyeux.

« Qui donc faisait courir le bruit que les curés refuseraient le serment ? s’écria-t-il. J’étais bien sûr, moi, que les hommes de bon sens, qui ne manquent pas encore en France, Dieu merci ! seraient d’accord avec nous, et non pas avec les imbéciles obstinés dans leurs vieilles idées de couvents, d’abbayes, de droits du seigneur, de grandeur des nobles, et de bassesse

du peuple, comme si nous ne descendions pas tous du père Adam, et comme si nous n’étions pas tous nobles, ha ! ha ! ha ! »

Maître Jean, quand il était joyeux, ne ménageait plus rien ; il allait jusqu’à traiter ceux qui n’avaient pas les mêmes idées que lui de mauvais gueux et de canailles. Cela me faisait beaucoup de peine pour notre vieux compagnon, qui ne répondait pas et devenait sombre des journées entières. Je sentais-que cela ne pouvait pas durer ; que maître Jean se mettait dans son tort ; et que Valentin, qui ne manquait pas de courage, pourrait un jour perdre patience et lui répondre solidement.

Par bonheur, ce jour-là Nicole vint à temps nous appeler ‘pour souper ; Chacun remit sa veste, et l’on se sépara comme à l’ordinaire,