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L’AMI FRITZ.

d’arbres fruitiers, les petits jardins entourés de palissades vermoulues ou de haies vives, et, tout autour, les sombres forêts de sapins ; cela lui rappelait sa ferme de Meisenthâl !

Bientôt un grand tumulte se fit entendre au-dessous, dans la salle : tout le village, hommes et femmes, envahissait alors l’auberge. Au même instant, Schnéegans entrait, portant une bouteille de vin blanc et deux verres, qu’il déposa sur la table :

« Est-ce qu’il faut tous les faire monter à la fois ? demanda-t-il.

— Non, l’un après l’autre, chacun à l’appel, répondit Hâan en emplissant les verres. Allons, bois un coup, Fritz ! Nous n’aurons pas besoin d’ouvrir le grand sac aujourd’hui ; je suis sûr qu’ils ont encore fait du bien à l’église. »

Et, se penchant sur la rampe, il cria :

« Frantz Laër ! »

Aussitôt, un pas lourd fit crier l’escalier, pendant que le percepteur venait se rasseoir, et un grand gaillard en blouse bleue, coiffé d’un large feutre noir, entra. Sa figure longue, osseuse et jaune, semblait impassible. Il s’arrêta sur le seuil.

« Frantz Laër, lui dit Hâan, vous devez neuf florins d’arriéré et quatre florins de courant. »