Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
205
L’AMI FRITZ.

bœufs ; mais il a dit que rien n’était convenu pour la livraison, ni sur le prix des jours de retard ; et comme le juge n’avait pas d’autre preuve, il a déféré le serment à Schmoûle, qui doit le prêter aujourd’hui à dix heures, entre les mains du vieux rebbe David Sichel, car les juifs ont leur manière de prêter serment.

— Ah bon ! fit Kobus, qui venait de mettre sa capote et décrochait son feutre ; voici bientôt dix heures, je vous accompagne chez David, et, aussitôt après, nous reviendrons dîner ; vous dînez avec moi ?

— Oh ! monsieur Kobus, j’ai mes chevaux à l’auberge du Bœuf-Rouge.

— Bah ! bah ! vous dînerez avec moi. Katel, tu nous feras un bon dîné. J’ai du plaisir à vous voir, Christel. »

Ils sortirent.

Tout en marchant, Fritz se disait en lui-même :

« N’est-ce pas étonnant ! Ce matin, je rêvais de Sûzel, et voilà que son père m’apporte des cerises qu’elle a cueillies pour moi ; c’est merveilleux, merveilleux ! »

Et la joie intérieure rayonnait sur sa figure, il reconnaissait en ces choses le doigt de Dieu.

Quelques instants après, ils arrivèrent dans la cour de l’antique synagogue. Le vieux mendiant