Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
258
L’AMI FRITZ.

fines, et vous serez tout à fait beau : toutes les filles tomberont amoureuses de vous.

— Oh ! s’écria Fritz, tu veux rire ?

— Non, depuis que j’ai vu votre vraie taille, ça m’a changé les idées, hé ! hé ! hé ! mais il faudra bien serrer votre boucle. Et dites donc, monsieur, si vous alliez trouver à cette fête une jolie fille qui vous plaise bien, et que finalement… hé ! hé ! hé ! »

Elle riait de sa bouche édentée en le regardant, et lui, tout rouge, ne savait que répondre.

« Et toi, fit-il à la fin, que dirais-tu ?

— Je serais contente.

— Mais tu ne serais plus la maîtresse à la maison.

— Eh ! mon Dieu, la maîtresse de tout faire, de tout surveiller, de tout conserver. Ah ! qu’il nous en vienne seulement, qu’il nous en vienne une jeune maîtresse, bonne et laborieuse, qui me soulage de tout cela, je serai bien heureuse, pourvu qu’on me laisse bercer les petits enfants.

— Alors, tu ne serais pas fâchée, là, sérieusement !

— Au contraire ! Comment voulez-vous… tous les jours je me sens plus roide, mes jambes ne vont plus ; cela ne peut pas durer toujours. J’ai soixante-quatre ans, monsieur, soixante-quatre ans bien sonnés…