Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/330

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
317
L’AMI FRITZ.

tailler ses oeillets et ses rosiers, comme tous les jours. Vous lui direz que M. Kobus est malade et qu’on l’attend.

— C’est bien, » fit la grosse fermière en ouvrant la porte ; elle sortit, et Katel, après avoir ôté les souliers de Fritz, courut dans la cuisine faire chauffer de l’eau ; car, pour tous les remèdes, il est bon d’avoir de l’eau chaude.

Tandis qu’elle se livrait à ce soin, et que le feu se remettait à pétiller sur l’âtre, Orchel revint :

« Le voici, mademoiselle Katel ! » dit-elle, tout essoufflée.

Et presque aussitôt, le docteur, un petit homme maigre en tricot de laine verte, la culotte de nankin tirée par les bretelles dans la raie du dos, les cinq ou six mèches de ses cheveux gris tombant en touffes autour de son front rouge, parut dans l’allée, sans rien dire, et entra tout de suite dans la chambre.

Orchel et Katel le suivaient.

Il regarda d’abord Fritz, puis il lui prit le pouls, les yeux fixés au pied du lit, comme un vieux chien de chasse en arrêt devant une caille, et au bout d’une minute il dit :

« Ce n’est rien, le cœur galope, mais le pouls est égal… ce n’est pas dangereux… Il lui faut une potion calmante, voilà tout. »