Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
L’AMI FRITZ.

les saucisses et les andouilles, il serait encore frais et solide comme moi. Mais vous autres, schaude, vous ne voulez rien entendre, et tantôt l’un, tantôt l’autre se fait prendre comme les rats dans les ratières, par amour du lard.

— Voyez-vous, le vieux posché-isroel qui prétend avoir peur des indigestions, s’écria Kobus, comme si ce n’était pas la loi de Moïse qui lui défende la chose.

— Tais-toi, interrompit David en nasillant, je dis cela pour ceux qui ne comprendraient pas de meilleures raisons ; mais celle-là doit vous suffire ; elle est très-bonne pour un sergent de landwehr qui se laisse tirer les bottes dans une mare d’Alsace ; les indigestions sont aussi dangereuses que les coups de fourche. »

Alors un immense éclat de rire s’éleva de tous côtés, et le grand Frédéric levant le doigt, dit :

« David, je te rattraperai plus tard ! »

Mais il ne savait que répondre, et le vieux rabbin riait de bon cœur avec les autres.

La grande Frentzel, de l’auberge du Bœuf-Rouge, après avoir débarrassé la table, arrivait alors de la cuisine avec un plateau chargé de tasses, et Katel suivait, portant sur un autre plateau la cafetière et les liqueurs.

Le vieux rebbe prit place entre Kobus et Iôsef.