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L’AMI FRITZ.

Katel se retourna :

« Sûzel, monsieur demande que tu entres.

— Ah ! mon Dieu, mademoiselle Katel, moi qui ne suis pas habillée ?

— Sûzel, cria Kobus, arrive donc ! »

Alors une petite fille blonde et rose, de seize à dix-sept ans, fraîche comme un bouton d’églantine, les yeux bleus, le petit nez droit aux narines délicates, les lèvres gracieusement arrondies, en petite jupe de laine blanche et casaquin de toile bleue, parut sur le seuil, la tête baissée, toute honteuse.

Tous les amis la regardaient d’un air d’admiration, et Kobus parut comme surpris de la voir.

« Que te voilà devenue grande, Sûzel ! dit-il. Mais avance donc, n’aie pas peur, on ne veut pas te manger.

— Ah ! je sais bien, fit la petite ; mais c’est que je ne suis pas habillée, monsieur Kobus.

— Habillée ! s’écria Hâan, est-ce que les jolies filles ne sont pas toujours assez bien habillées !

Alors Fritz, se retournant, dit en hochant la tête et haussant les épaules :

« Hâan ! Hâan ! une enfant… une véritable enfant ! Allons, Sûzel, viens prendre le café avec nous ; Katel, apporte une tasse pour la petite.

— Oh ! monsieur Kobus, je n’oserai jamais !