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L’AMI FRITZ.

garçon sans songer aussitôt à les marier. Ha ! ha ! ha !

— Eh bien, oui ! s’écria le vieux rebbe, la barbiche hérissée, oui, j’ai dit et je répète : une bonne petite femme de ménage ! Quel mal y a-t-il à cela ? Dans deux ans, cette petite Sûzel peut être mariée, elle peut même avoir un petit poupon rose dans les bras.

— Allons, tais-toi, vieux, tu radotes.

— Je radote… c’est toi qui radotes, épicaures ; pour tout le reste, tu parais avoir assez de bon sens, mais sur le chapitre du mariage, tu es un véritable fou.

— Bon, maintenant c’est moi qui suis le fou, et David Sichel l’homme raisonnable. Quelle diable d’idée possède le vieux rebbe, de vouloir marier tout le monde ?

— N’est-ce pas la destination de l’homme et de la femme ? Est-ce que Dieu n’a pas dit dès le commencement : « Allez, croissez et multipliez ! » Est-ce que ce n’est pas une folie que de vouloir aller contre Dieu, de vouloir vivre… »

Mais alors Fritz se mit tellement à rire, que le vieux rebbe en devint tout pâle d’indignation :

« Tu ris, fit-il en se contenant, c’est facile de rire. Quand tu ferais « ha ! ha ! ha ! hé ! hé ! hé ! hi ! hi ! hi ! » jusqu’à la fin des siècles, cela prou-