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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/75

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L’AMI FRITZ.

« Eh ! bonjour, monsieur Kobus, voici les beaux jours, lui criaient les commères.

— Oui, Berbel… oui, Catherine, cela promet, » disait-il.

Les enfants dansaient, sautaient et criaient sur toutes les portes ; on ne pouvait rien voir de plus joyeux.

Fritz, après être sorti de la ville par la vieille porte de Hildebrandt, où les femmes étendaient déjà leur linge et leurs robes rouges au soleil le long des anciens remparts, Fritz monta sur le talus de l’avancée. Les dernières neiges fondaient à l’ombre des chemins couverts, et, tout autour de la ville, aussi loin que pouvaient s’étendre les regards, on ne voyait que de jeunes pousses d’un vert tendre sur les haies, sur les arbres des vergers et les allées de peupliers, le long de la Lauter. Au loin, bien loin, les montagnes bleues des Vosges conservaient à leur sommet quelques plaques blanches presque imperceptibles, et par là-dessus s’étendait le ciel immense, où voguaient de légers nuages dans l’infini.

Kobus, voyant ces choses, fut véritablement heureux, et portant la vue au loin, il pensa :

« Si j’étais là-bas, sur la côte des genêts, je n’aurais plus qu’une demi-lieue pour être à ma ferme de Meisenthâl ; je pourrais causer avec le