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LE CABALISTE HANS WEINLAND.

Montons jusqu’au belvédère. (Page 59.)


vous me demandez, mais cela m’est impossible ; c’est contraire à mes principes philosophiques. Mon passe-port est dans le tiroir de mon secrétaire, à côté de la Raison pure de Kant. Je vais faire un tour sur la place des Acacias…

— C’est bon ! c’est bon ! dit-il, je comprends tes scrupules, Christian ; ils t’honorent, mais je ne les partage pas. Embrassons-nous ; je me charge du reste ! »

Quelques heures plus tard, toute la ville apprit avec stupeur, que le professeur de métaphysique Hans Weinland avait tué le major Krantz d’un furieux coup de rapière.

La police se mit aussitôt à la recherche du meurtrier, elle fouilla de fond en comble son petit logement de la rue des Alouettes, mais toutes ses recherches furent inutiles.

On enterra le major avec les honneurs dus à son grade, et durant six semaines il ne fut question que de cette affaire dans les brasseries ; puis tout rentra peu à peu dans l’ordre accoutumé.

Environ quinze mois après cet événement étrange, mon digne oncle, le prorecteur Zacharias, m’envoya compléter mes études à Paris ; il désirait me voir succéder un jour à sa haute position ; rien ne lui coûtait pour faire de moi, comme il disait, un flambeau de la science.

Je partis donc à la fin du mois d’octobre 1831.

Sur la rive gauche de la Seine, entre le Panthéon, le Val-de-Grâce et le Jardin-des-Plantes,