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LA MAISON FORESTIÈRE.


« Qu’est-ce que tu penses de ça, Loïse ? » (Page 7.)


grandes guêtres aux jambes et vos gros souliers ferrés aux pieds ; Mademoiselle Loïse, debout, appuyée sur le dos du fauteuil, et, pour que la chose soit complète, nous mettrons ce gaillard-là dans le tableau. »

J’indiquais le chien courant étendu sur le plancher, le museau entre les pattes et les paupières closes.

Le vieux garde me regardait les yeux humides.

« Je savais bien que vous étiez un brave garçon, dit-il après un instant de silence. Ça me fera plaisir d’être avec ma petite-fille, au moins elle me verra toujours comme je suis. Et si plus tard elle se marie et qu’il y ait des petits enfants, elle pourra leur dire : «  Ça, c’est le grand-père Frantz ; le voilà comme il était. »

Loïse, en ce moment, sortit ; le vieux garde, tournant la tête vers la porte, voulut la rappeler, mais il avait la voix enrouée et se tut. Quelques instants après, ayant toussé deux ou trois fois dans sa main, il reprit en me montrant le chien :

« Ça ; monsieur Théodore, c’est un bon chien courant, je ne dis pas le contraire, il a du nez et du jarret ; mais on en trouve d’aussi bons. Si la chose vous était égale, nous mettrions l’autre dans le tableau. »

Il lança un coup de sifflet, le basset bondit de l’allée dans la salle ; l’autre chien s’était aussi levé ; tous deux vinrent, la queue frétillante, poser la tête sur les genoux de leur maître.

« Ce sont tous les deux de bonnes bêtes, dit--