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L’AMI FRITZ.

— Ta ! ta ! ta ! fit Kobus ; quand, dans six mois, je t’enverrai des plats de truites, avec des bouteilles de forstheimer, à la fête de Simres-Thora[1], nous verrons, nous verrons si tu me reprocheras mon réservoir. »

David sourit.

« Le Seigneur, dit-il, a tout bien fait ; aux uns il donne la prudence, aux autres la sobriété. Tu es prudent ; je ne te reproche pas ta prudence, c’est un don de Dieu, et quand les truites viendront, elles seront les bienvenues.

— Amen ! » s’écria Fritz.

Et tous deux se mirent à rire de bon cœur.

Cependant Kobus voulait faire enrager le vieux rebbe. Tout à coup il lui dit :

« Et les femmes, David, les femmes ? Est-ce que tu ne m’en as pas trouvé une ? la vingt-quatrième ! Tu dois être pressé de gagner ma vigne du Sonneberg. Je serais curieux de la connaître, la vingt-quatrième. »

Avant de répondre, David Sichel prit un air grave :

« Kobus, dit-il, je me rappelle une vieille his-

  1. Fête de réjouissance, en mémoire de la promulgation de la Loi au peuple juif.