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L’AMI FRITZ.

de tout… même de satisfaire un gourmand de ton espèce. »

Puis, changeant de ton :

« Cette petite Sûzel m’a plu d’abord, dit-il ; elle est intelligente. Dans trois ou quatre ans elle connaîtra la cuisine comme ta vieille Katel ; elle conduira son mari par le bout du nez ; et, si c’est un homme d’esprit, lui-même reconnaîtra que c’était le plus grand bonheur qui pût lui arriver.

— Ha ! ha ! ha ! cette fois, David, je suis d’accord avec toi, fit Kobus, tu ne dis rien de trop. C’est étonnant que le père Christel et la mère Orchel, qui n’ont pas quatre idées dans la tête, aient mis ce joli petit être au monde. Sais-tu qu’elle conduit déjà tout à la ferme ?

— Qu’est-ce que je disais, s’écria David, j’en étais sûr ! Vois-tu, Kobus, quand une femme a de l’esprit, qu’elle n’est point glorieuse, qu’elle ne cherche pas à rabaisser son mari pour s’élever elle-même, tout de suite elle se rend maîtresse ; on est heureux, en quelque sorte, de lui obéir. »

En ce moment, je ne sais quelle idée passa par la tête de Fritz ; il observa le vieux rebbe du coin de l’œil et dit :

« Elle fait très-bien les beignets, mais quant au reste…