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L’AMI FRITZ.

Puis, sans attendre de réponse, il alla droit à Christel, et lui serra la main vigoureusement :

« Bon voyage, père Christel, dit-il, bon voyage !

— Amusez-vous bien, messieurs, » répondit le vieux fermier, en s’asseyant près du timon.

Sûzel était devenue toute pâle ; Fritz lui prit la main, et, le doigt levé :

« Nous boirons encore du bon petit vin blanc ! » dit-il, ce qui la fit sourire.

Christel allongea son coup de fouet et les chevaux partirent au galop. Hâan et Schoultz étaient rentrés dans l’auberge. Fritz et Iôsef, debout sur le seuil, regardaient la voiture ; Fritz surtout ne la quittait pas des yeux ; elle allait disparaître au détour de la grande rue, quand Sûzel tourna vivement la tête.

Alors Kobus entourant Iôsef de ses deux bras, se mit à l’embrasser les larmes aux yeux.

« Oui… oui, faisait le bohémien d’une voix douce et profonde, c’est bon d’embrasser un vieil ami ! Mais celle qu’on aime et qui vous aime… ah ! Fritz… c’est encore autre chose ! »

Kobus comprit que Iôsef avait tout deviné ! Il