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L’AMI FRITZ.

La mère Orchel, qui ne se doutait de rien, tira le coin de son mouchoir de sa poche, et baissant la tête, se moucha ; puis elle reprit :

« Nous avons causé de cela toute la nuit, Christel et moi. C’est un beau mariage pour Sûzel, et Christel a dit : « Tout est bien ; seulement, M. Kobus est un homme si bon, qui nous aime tant, et qui nous a rendu de si grands services, que nous serions de véritables ingrats, si nous terminions une pareille affaire sans le consulter. Je ne peux pas aller moi-même à Hunebourg aujourd’hui, puisque nous avons cinq voitures de foin à rentrer ; mais toi, tu partiras tout de suite après le déjeuner, et tu seras encore de retour avant onze heures, pour préparer le dîner de nos gens. » Voilà ce que m’a dit Christel. Nous espérons tous les deux que cela vous conviendra, surtout quand vous aurez vu le garçon ; Christel veut le faire venir exprès pour vous l’amener. Et si vous êtes content de lui, eh bien ! nous ferons le mariage ; je pense que vous serez aussi de la noce : vous ne pouvez nous refuser cet honneur. »

Ces mots de « noce, » de « mariage, » de « garçon, » bourdonnaient aux oreilles de Fritz.

Orchel, après avoir fini son histoire, étonnée de ne recevoir aucune réponse, lui demanda :