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L’AMI FRITZ.

peut-être pas le café ? Si tu veux un verre de vin ?

— Oh non ! j’aime bien le café, monsieur Kobus. »

Le vieux rebbe regardait la petite d’un air tendre et paternel ; il voulut sucrer lui-même son café, disant :

« Ça, c’est une bonne petite fille, oui, une bonne petite fille, mais elle est un peu trop craintive. Allons, Sûzel, bois un petit coup, cela te donnera du courage.

— Merci, monsieur David, » répondit la petite à voix basse.

Et le vieux rebbe se redressa content, la regardant d’un air tendre tremper ses lèvres roses dans la tasse.

Tous regardaient avec un véritable plaisir cette jolie fille, si douce et si timide ; Iôsef lui-même souriait. Il y avait en elle comme un parfum des champs ; une bonne odeur de printemps et de grand air, quelque chose de riant et de doux, comme le babillement de l’alouette au-dessus des blés ; en la regardant, il vous semblait être en pleine campagne, dans la vieille ferme, après la fonte des neiges.

« Alors, tout reverdit là-bas, reprit Fritz ; est-ce qu’on a commencé le jardinage ?