Marie-Rose et la grand’mère étaient inquiètes, elles me regardaient en silence ; je dis en ouvrant la lettre :
« Qu’est-ce que ces Prussiens peuvent me vouloir ? »
C’était un ordre de l’Oberfœrster[1], établi à Zornstadt, de me rendre chez lui le lendemain, avec tous les gardes de ma brigade. Je lus haut cette lettre, les femmes en furent consternées.
« Que vas-tu faire, mon père ? me demanda Marie-Rose au bout d’un instant.
— C’est à quoi je pense, lui répondis-je. Ces Allemands n’ont pas d’ordres à me donner ; mais ils sont maintenant les plus forts, ils peuvent nous mettre à la porte du jour au lendemain, cela demande réflexion. »
Je me promenais de long en large, terriblement ennuyé, quand tout à coup Jean Merlin, passant devant nos fenêtres à grands pas, enjamba les trois marches du seuil et entra.
« Bonjour Marie-Rose, dit-il, bonjour grand’mère. Vous avez reçu l’ordre de l’Oberfœrster, brigadier ?
- ↑ Inspecteur forestier.