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Le brigadier Frédéric.

— Oui.

— Ah ! fit-il, ces gens-là n’ont pas confiance en vous ; tous les gardes en ont reçu autant. Est-ce que nous irons ?

— Il faut voir, lui dis-je. Vous allez partir pour la Petite-Pierre et demander l’avis de notre inspecteur. »

L’horloge marquait huit heures, Jean partit tout de suite ; à midi juste, il revenait déjà nous dire que M. Laroche nous engageait à voir ce que ces Allemands nous voulaient, et de l’en prévenir aussitôt. Il fut donc résolu que nous irions.

Tu sauras, Georges, que depuis l’arrivée des Allemands, les forêts étaient pillées de fond en comble ; tous les bois de vente encore en cordes et en stères dans les coupes, s’en allaient bûche par bûche ; les landwehr enlevaient tout ce qui se trouvait à leur portée, ils aimaient à se tenir près d’un bon feu, dans leurs retranchements couverts de terre du côté de la ville ; les paysans se faisaient aussi des provisions, on aurait dit que les biens de l’État étaient au premier venu.

Je répétais sans cesse à mes gardes de bien