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Le brigadier Frédéric.

béciles ! Non, voilà ce qu’on ne verra plus jamais, la vieille Allemagne s’y oppose ! »

Alors, M. l’Oberfœrster, content de ce qu’il venait de dire, remplit son verre pour se rafraîchir les idées ; il but gravement, les yeux à demi fermés et continua :

« Je vous ai fait venir pour vous confirmer tous dans vos postes ; car j’ai visité les forêts, j’ai vu que tout était en ordre, j’ai reconnu que vous étiez de fidèles serviteurs ; il est donc juste que vous restiez.

« Et je vous annonce que vos appointements seront doublés ; que les vieux serviteurs, au lieu d’être mis à la retraite, recevront encore de l’avancement ; qu’ils jouiront d’une honnête aisance proportionnée à leurs grades, enfin que la munificence de Sa Majesté se répandra sur vous tous, et que vous bénirez dans votre vieillesse, l’heureuse annexion de ce noble pays d’Alsace à la mère-patrie. Vous raconterez un jour à vos enfants et à vos petits-enfants, cette longue captivité de Babylone, où vous avez tant souffert, et vous serez aussi les plus fidèles serviteurs de Sa Gracieuse Majesté.

« Voilà ce que je veux !