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Le brigadier Frédéric.

Quand ton grand-père, M. le président du tribunal Münstz, obtint de l’avancement en 1865, et qu’il partit pour la Bretagne, d’une certaine façon cela me fit plaisir, car il méritait d’avancer ; on n’a jamais vu d’homme plus savant ni meilleur, sa place n’était pas à Saverne ; mais d’un autre côté j’en eus aussi beaucoup de chagrin.

Mon père, l’ancien forestier de Dôsenheîm, ne m’avait jamais parlé de M. le président Münstz qu’avec le plus grand respect, me répétant sans cesse que c’était notre bienfaiteur, qu’il avait toujours aimé notre famille ; moi-même je lui devais le bon poste de la Steinbach ; et c’est aussi sur sa recommandation que j’avais obtenu ma femme, Catherine Bruat, la fille unique de l’ancien brigadier Martin Bruat.

D’après cela tu penses bien qu’en allant faire mes rapports à Saverne, je regardais toujours avec attendrissement cette bonne maison, où j’avais été si bien reçu pendant vingt ans ; je regrettais ce brave homme, cela me serrait le cœur.

Et naturellement nous étions aussi beaucoup privés de ne plus te voir arriver en vacances à la maison forestière. Nous en avions tellement