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Le brigadier Frédéric.

pris l’habitude, que longtemps d’avance nous disions :

« Voici le mois de septembre qui s’approche, le petit Georges va bientôt venir !

Ma femme dressait le lit en haut ; elle mettait de la lavande entre les draps bien blancs ; elle lavait le plancher et les vitres.

Moi, je préparais les lacets pour les grives et les amorces de toute sorte pour les truites ; j’allais réparer sous les roches notre hutte aux mésanges ; j’essayais les sifflets pour la pipée, et j’en faisais de nouveaux avec du plomb et des os d’oie. J’arrangeais tout en ordre dans nos boîtes, les hameçons, les cordeaux, les mouches en plumes de coq, riant d’avance du plaisir de te voir farfouiller là-dedans, de t’entendre me dire :

« Écoutez, père Frédéric, il faudra m’éveiller demain à deux heures sans faute, nous partirons longtemps avant le jour ! »

Je savais bien que tu dormirais comme un loir, jusqu’à ce que je vienne te secouer en te reprochant ta paresse ; mais le soir, avant de te coucher, tu voulais toujours être debout à deux heures, et même à minuit ; cela me réjouissait.

Et puis je te voyais déjà dans la hutte, telle-