Page:Erckmann-Chatrian - Le brigadier Frédéric, 1886.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

119
Le brigadier Frédéric.

Merlin était devenu pâle en m’écoutant, et d’une voix enrouée, il me répondit :

« Je vous ai demandé Marie-Rose pour elle, père Frédéric, parce que je l’aimais et qu’elle m’aimait aussi. Je ne vous l’ai pas demandée, ni pour votre place, ni pour le bien qu’elle pouvait avoir ; si j’avais eu cette idée, j’aurais été un gueux. Et maintenant j’y tiens encore plus qu’avant, j’ai vu qu’elle avait du cœur, cela passe avant tout ! »

Et se levant, les bras étendus, il s’écria :

« Marie-Rose ! »

À peine l’avait-il appelée, qu’elle se retournait, la figure baignée de larmes, et se jetait dans ses bras ; ils s’embrassèrent longtemps et je pensai :

« Tout est bien, ma fille est entre les mains d’un honnête homme, c’est ma plus grande consolation dans tous ces malheurs abominables. »

— Après cela, Georges, malgré notre désolation, le calme se rétablit. Merlin et moi, nous convînmes qu’il irait le lendemain porter notre réponse à Zornstadt : « Non, monsieur ll’Oberfœrster, nous ne servirons pas le roi de Prusse ! »