toujours libres, et avez-vous de la place à l’écurie pour deux vaches ?
— Si j’en ai ! s’écria-t-il. Les Prussiens en ont fait de la place ! Ils ont tout pris, foin, paille, avoine, farine, avec le bétail… Ah ! la place… la place… Je crois bien… depuis le grenier jusqu’à la cave, nous en avons, elle ne nous manquera pas de longtemps !… »
En même temps, il fit entendre un éclat de rire sec, en grinçant ses vieilles dents et murmurant :
« Oh ! scélérats !… Dieu veuille que nous ayons un jour le dessus, j’irai là-bas sur des béquilles, malgré mes rhumatismes, reprendre tout ce qu’ils m’ont volé.
— Alors, lui dis-je, les chambres sont vides ?
— Oui, et l’écurie aussi, avec le grenier à foin. Mais pourquoi me demandez-vous ça ?
— C’est que je viens pour louer.
— Vous ! s’écria-t-il stupéfait. Vous ne restez donc plus à la maison forestière ?
— Non, les Prussiens me chassent.
— Ils vous chassent !… Et pourquoi ?
— Parce que je ne veux pas accepter de service chez les Allemands. »