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Le brigadier Frédéric.

las, sous les milliers de flocons qui tombaient du ciel.

La neige, n ayant pas cessé de tomber depuis le matin, était déjà haute. La grande voiture s’en allait lentement ; Starck, devant, tirait ses biques par la bride, en jurant et les forçant d’avancer à coups de fouet ; Calas plus loin, chassait le bétail, Ragot l’aidait ; Marie-Rose et moi, nous suivions, la tête penchée ; et derrière nous la maisonnette s’éloignait toute blanche, au milieu des sapins.

Il nous restait à prendre le lendemain notre bois, notre fourrage et nos pommes de terre ; aussi j’avais fermé la porte et mis la clef dans ma poche avant de partir.

À la nuit close, nous arrivâmes devant la maison d’Ykel. Je pris la grand’mère dans mes bras, comme un enfant, et je la portai en haut dans sa chambre, où Katel avait fait un bon feu. Marie-Rose et Katel s’embrassèrent : elles avaient été à l’école et fait leur première communion ensemble, à Dôsenheim. Katel pleurait. Marie-Rose, toute pâle, ne disait rien. Elles montèrent ; et pendant que Starck, avec Calas et deux ou trois voisins déchargeaient les meubles