Page:Erckmann-Chatrian - Le brigadier Frédéric, 1886.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

141
Le brigadier Frédéric.

que le labour et les semailles n’auraient pas lieu, et que les femmes, les enfants, la population en masse périrait dans une horrible famine.

Nous avons vu depuis, Georges, que ces choses étaient vraies ; toutes les lettres qu’on a trouvées sur les landwehr, annonçaient la plus grande misère en Allemagne.

Enfin, ce que me dit M. Laroche réveilla mes espérances. Il promit aussi de faire liquider ma retraite dès que cela serait possible, et vers une heure je le quittai plein de confiance. Il me serra la main et me cria sur la porte :

« Bon espoir, père Frédéric ; nous aurons encore des jours heureux ! »

En le quittant, j’étais un autre homme, et j’arrivai sans me presser au Graufthâl, où m’attendait la plus agréable surprise.

Jean Merlin avait tout mis en ordre. Les fentes de la soupente, des portes et des fenêtres étaient fermées, le plancher lavé, les meubles en place, les cadres pendus aux murs, autant que possible comme ils se trouvaient à la maison forestière. Le froid était très-vif dehors ; notre fourneau, que Jean avait monté et nettoyé à la mine de plomb, tirait comme un soufflet de forge ;