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Le brigadier Frédéric.

et la grand’mère, assise derrière, dans son vieux fauteuil, écoutait ce bourdonnement, en regardant la flamme briller jusqu’au fond de la chambre. Marie-Rose, les manches retroussées, semblait contente de voir ma satisfaction ; Jean Merlin, son bout de pipe entre les moustaches et les yeux plissés, me regardait comme pour dire :

« Eh bien, papa Frédéric, qu’est-ce que vous pensez de cela ? Est-ce qu’il fait encore froid dans cette chambre ? Est-ce que tout n’est pas propre, reluisant et bien en place ? C’est Marie-Rose et moi qui avons arrangé cela !

Et moi, voyant ces choses, je leur dis :

« Tout est bien… la grand’mère a chaud… Maintenant je vois que nous pourrons rester ici… Vous êtes de braves enfants ! »

On dressa la table. Marie-Rose avait fait une bonne soupe aux choux et au lard, car les Allemands prenant toute la viande fraîche pour eux, on était encore bien content d’avoir de la viande fumée ; heureusement les pommes de terre, les choux, les navets ne manquaient pas, cela formait notre principale ressource.

Ce soir-là, nous mangeâmes en famille ; et pendant le souper je racontai dans tous les dé-