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Le brigadier Frédéric.

tails ce que m’avait appris M. l’inspecteur touchant les affaires de la République. C’étaient les premières nouvelles positives que nous avions de la France depuis longtemps ; aussi tu penses si l’on m’écoutait. Les yeux de Jean brillaient, quand je parlais de batailles prochaines du côté de la Loire.

« Ah ! faisait-il, on appelle les Français, les anciens soldats. Tiens ! tiens ! on se défend ! »

Et je m’écriais plein d’enthousiasme :

« Si on se défend !… je crois bien ! M. l’inspecteur dit que si ça continue quelques mois, les autres en auront assez. »

Alors il retroussait ses moustaches et semblait vouloir parler ; mais ensuite regardant Marie-Rose qui nous écoutait, l’air grave comme d’habitude, il se remettait à manger en disant :

« C’est égal, vous me faites joliment plaisir de me raconter çà, père Frédéric ; oui, c’est une fameuse nouvelle. »

Enfin, sur les huit heures, il partit en nous annonçant son retour pour le lendemain ou le surlendemain, et nous nous couchâmes dans la plus grande tranquillité.

Autant la nuit d’avant avait été triste et froide,