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Le brigadier Frédéric.

fort ; je criai : « Ce n’est pas possible ! » Et ouvrant la fenêtre, J’appelai :

« Marie-Rose… Marie-Rose… Monte… Jean est ici. »

Elle étendait le linge sous le hangar, et tout de suite, laissant son ouvrage, elle monta.

« Marie-Rose, lui dis-je, est-ce vrai que tu consens à ce que Jean Merlin aille se battre contre les Allemands, du côté d’Orléans, derrière Paris ? Est-ce vrai ? Parie sans gêne, »

Alors elle, toute pâle et les yeux brillants, dit :

« Oui !… C’est son devoir… Il doit partir ! Nous ne voulons pas être Prussiens, et les autres ne doivent pas se battre seuls pour nous sauver… Il faut être des hommes… il faut défendre son pays ! »

Elle dit d’autres choses pareilles, qui me bouleversaient le sang et me faisaient penser :

« Quelle brave enfant j’ai, là !… Non je ne la connaissais pas encore… C’est la fille des anciens Bruat !… Voilà maintenant que les vieux ressuscitent et qu’ils parlent par la bouche des enfants ! Ils veulent qu’on défende la terre du vieux cimetière où reposent leurs os ! »