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Le brigadier Frédéric.

cela me donna un coup, car une fois en route, Dieu seul savait quand le mariage se ferait ; l’idée de Marie-Rose me troublait.

« Sans doute, lui dis-je ; mais il faut aussi penser aux vieux, Jean ! Que dirait votre mère, cette bonne vieille Margrédel, si vous l’abandonniez dans un moment pareil ?

— Ma mère est une bonne Française, dit-il. Nous avons causé de ça, brigadier ; elle consent ! »

Alors les bras me tombèrent, je ne savais plus quoi répondre, et seulement au bout d’une minute je dis :

« Et Marie-Rose !… Vous ne pensez pas à Marie-Rose ! Vous êtes pourtant fiancés… c’est votre femme devant Dieu !…

— Marie-Rose consent aussi, dit-il. Nous n’avons plus besoin que de votre consentement ; dites oui ! tout sera bien. La dernière fois que je suis venu, pendant que vous étiez en bas à fumer votre pipe, j’ai raconté la chose simplement à Marie-Rose, je lui ai dit qu’un garde forestier sans place, un vieux soldat comme moi devait être au feu ; elle a compris, elle consent. »

Ce qu’il me racontait là, Georges, était trop