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Le brigadier Frédéric.

Enfin, de là je remontai vers les bruyères jusqu’à Felsberg, bien triste et le front courbé.

Le pauvre village, dans ses tas de boue et de fumier, était aussi triste que moi ; pas une figure ne paraissait dans la rue, où les réquisitions de toute sorte avaient passé plus d’une fois. Devant la vieille maison d’école, posant le doigt sur le loquet, je trouvai la porte fermée, J’écoutai… aucun bruit, aucun murmure d’enfants ne se faisait entendre. Je regardai par les petites vitres, les exemples pendaient toujours à leurs ficelles, mais les bancs étaient vides.

J’appelai : « Père Daniel ! » regardant en l’air les petites fenêtres du premier, car la porte de l’allée était aussi fermée. Quelques instants après, une autre porte, celle de la maison de Margrédel, bâtie contre le pignon, s’ouvrit ; l’oncle Daniel, un petit homme vif, en gros tricot de laine, et le bonnet de coton noir sur la nuque, parut en disant :

« Qui est là ? »

Je me retournai.

« Hé ! c’est le brigadier Frédéric, fit-il. Entrez.

— Vous ne demeurez donc plus là ? lui dis-je.