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Le brigadier Frédéric.

Prussiens savent qu’il est parti ; le père Ykel m’a prévenu d’être sur nos gardes, et j’arrive vous avertir.

— Je me moqué pas mal des Prussiens ! dit-elle alors, en levant les épaules d’un air de mépris : Jean a passé la montagne depuis longtemps ; s’ils avaient pu l’arrêter, nous le saurions déjà ; ils n’auraient pas manqué de venir nous le dire, en se frottant les mains ; mais il a passé… c’est un gaillard !… »

Elle riait de sa bouche édentée.

« Ceux qui lui tomberont sous la main ne riront pas… Il est bien sûr avec nos volontaires !… les coups de fusil et de canon roulent là-bas ! »

La pauvre femme voyait tout en beau, comme d’habitude, et je pensais :

« Quelle chance d’avoir un aussi bon caractère, quel bonheur ! »

L’oncle Daniel, lui, se promenait de long en large, en disant :

« C’est parce que Jean est parti que les bandits ont fermé mon école. Ils n’avaient rien à me reprocher ; ils ne m’ont pas donné d’explications ; ils ont fermé, voilà tout, et nous ont