Page:Erckmann-Chatrian - Le brigadier Frédéric, 1886.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

166
Le brigadier Frédéric.

accordé juste le temps de porter nos meubles dehors ; ils nous regardaient d’un œil louche, en criant : Schwint !… Schwint[1] !…

— Oui, criait Margrédel, ce sont des sournois, des hypocrites ; ils font leurs mauvais coups sans vous prévenir. Le matin, ils vous sourient, ils s’assoient comme de bons apôtres au coin de votre feu ; ils caressent vos enfants, les larmes aux yeux ; et puis tout d’un coup leur mine change, ils vous empoignent au collet et vous mettent à la porte, sans pitié. Ah ! les bons Allemands, nous connaissons maintenant ces braves gens !… Mais ils ne seront pas toujours si fiers… Attendez… attendez un peu… le ciel est juste !… Les nôtres reviendront… Jean sera là… Vous verrez, père Frédéric !… nous rentrerons à la maison forestière, nous ferons les noces !… Je ne vous dis que cela. Voyez-vous, il faut avoir confiance en Dieu…Maintenant sous souffrons à cause de nos péchés… Mais le bon Dieu remettra tout en ordre, quand nous aurons fini d’expier nos fautes. Ça ne peut pas être autrement… Il se sert des Prussiens pour

  1. Vite ! Vite !