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Le brigadier Frédéric.

femme, qui sait si la seconde ne serait pas la plus mauvaise et la plus dépensière du pays ?… Jamais tu n’en prendras d’autre. Tu vivras comme cela tout seul. Mais quoi faire ?… Qui est-ce qui prendra soin de tout ? Qui est-ce qui veillera jour et nuit à tes intérêts ? La grand’mère est trop vieille et ta fille n’est encore qu’une enfant. »

Je me désolais, songeant que tout allait se perdre ; que nos économies depuis tant d’années se dépenseraient de jour en jour.

Mais j’avais dons ma petite Marie-Rose un véritable trésor, une enfant pleine de courage et de bon sens ; sitôt ma femme morte, elle se mit à la tête de nos affaires, veillant aux champs, au bétail, au ménage, et commandant à Calas comme la mère. Le pauvre garçon lui obéissait ; il comprenait dans sa simplicité, que c’était maintenant la maîtresse, et qu’elle avait le droit de parler pour tout le monde.

Voilà comment vont les choses sur la terre !

Quand on a eu des misères pareilles, on croirait qu’il ne peut rien vous arriver de pire ; mais tout cela n’était qu’un petit commencement, et lorsque j’y pense, il me semble que notre plus