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Le brigadier Frédéric.

Il me serrait la main, et paraissait si content de me revoir, que j’en fus attendri.

« Oui, lui répondis-je, nous en sommes réchappés, Dieu merci… Quand on se rencontre maintenant, on se croirait ressuscités ! Malheureusement la grand’mère est bien mal, et je ne sais pas où trouver un médecin, au milieu de cette débâcle. »

Il me donna le conseil de monter chez le docteur Semperlin, qui demeurait au premier du café Vacheron, disant que c’était un homme savant, dévoué, bon Français, qui ne refuserait pas de m’accompagner, malgré la longueur du chemin et le travail qu’il avait en ville, dans ce moment de presse extraordinaire.

Je montai donc ; et le docteur Semperlin, qui se mettait à table, me promit de venir aussitôt après dîner.

Alors je descendis un peu plus tranquille, dans la grande salle du café, casser une croûte de pain et prendre un verre devin en l’attendant.

La salle était pleine de landwehr : gros bourgeois en uniforme, brasseurs, architectes, fermiers, banquiers, maîtres d’hôtel, venus pour occuper le pays, sous le commandement de chefs