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Le brigadier Frédéric.

vexe… tu insultes les honnêtes gens ; mais gare, gare, tu recevras de mes nouvelles ! »

Ces indignes mensonges me rendaient encore plus furieux, il fallait me retenir à cinq ou six, pour m’empêcher d’arriver jusqu’à lui.

J’aurais fini par tout bousculer, si les landwehr n’avaient appelé un piquet de ronde qui passait sur la route. Alors, entendant les crosses de fusil à la porte, et découvrant les casques devant les fenêtres, je me rassis et tout s’apaisa.

Le caporal entra ; Mme Vacheron lui fit prendre un verre de vin sur le comptoir, et comme le bruit avait cessé, après s’être essuyé les moustaches, il sortit en faisant le salut militaire. Mais Toubac et moi nous nous regardions de loin, les yeux étincelants, les joues frémissantes. Il comprenait bien maintenant, le misérable, que sa honte allait être découverte dans toute la ville, cela le mettait hors de lui.

Moi, je pensais : « Tâche seulement de venir sur mon chemin en allant au Bîechelberg, je réglerai ton compte pour longtemps, la pauvre grand’mère sera vengée. »

Il avait sans doute de son côté des idées semblables, car il m’observait en dessous, avec