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Le brigadier Frédéric.

il faut vous tenir au chaud, et puis n’avoir pas des pensées tristes… Vous retournerez bientôt à la maison forestière, tout ça ne peut pas durer,

— Oui, oui, faisait-elle en nous regardant, j’espère que tout se remettra, mais je suis bien vieille.

« Bah ! quand on s’est maintenue comme vous, est-ce qu’on est vieille ? Tout ceci vient d’un courant d’air ; il faudra éviter les courants d’air, mademoiselle Marie-Rose. Allons, bon courage, grand’mère. »

Ainsi parlait le docteur ; la grand’mère semblait un peu rassurée.

Nous sortîmes de la chambre ; et dehors, comme je l’interrogeais et que ma fille écoutait, M. Semperlin me demanda :

« Faut-il parler devant mademoiselle Marie-Rose ?

— Oui, lui répondis-je, car ma pauvre fille, chargée de soigner la malade, devait tout savoir ; si le mal était grave, si nous devions perdre le dernier être qui nous aimait et que nous aimions, eh bien, il valait encore mieux l’apprendre d’avance, que d’être frappés par le malheur, sans avoir été prévenus.